Sourds et malentendus

Publié le par noni

Hier soir, j'ai regardé France 5. Il y avait un film, puis un débat sur la surdité, la façon dont cette "maladie" est vue, au travers du récit d'une sourde: Sandrine Herman, et de quelques professionnels.
Je suis allée sur le site de la chaîne pour vous trouver un résumer intéressant 'que j'ai encore résumé, parce qu'il était très long)

[...] A travers le récit de Sandrine, sourde de naissance, ce film propose une rencontre avec un monde où la langue des signes est porteuse d'une identité et d'une culture, où sourds et entendants peuvent vivre ensemble en acceptant leurs différences.
Sandrine Herman ©Point du jour

Sandrine Herman
©Point du jour
« J'ai envie de vous montrer qui je suis. » Face à la caméra, Sandrine Herman a voulu nous permettre d'entrer dans la peau de la sourde qu'elle est. En déroulant le fil de sa vie, illustrée par des reconstitutions, elle donne à voir, à sentir, à comprendre avec finesse et humour ce dont la plupart des entendants n'ont pas conscience. Les reportages parmi les sourds — enfants, adolescents et adultes — et les éclairages de spécialistes intervenant en milieu médical ou scolaire complètent cette approche d'un univers méconnu, et souvent source de malentendus.


Le premier repose sur l'usage qui a fait des sourds des « malentendants ». « Est-ce que vous êtes "mal-homme" ou… "mal-femme" ? Imaginez que vous passiez une vie à être défini par une idée que la majorité a de vous dans le "mal-quelque chose"… » s'étonne un enseignant. Pour Sandrine, le malentendu a commencé dès son plus jeune âge, lorsque ses parents ont perdu le lien avec elle le jour où ils ont compris qu'elle était vraiment sourde. « La plupart du temps, être atteint de surdité, c'est être véritablement handicapé du langage de la parole, explique le psychanalyste André Meynard. Ceci est bien sûr complètement abusif et tout à fait partial, puisqu'un petit enfant est parfaitement à même de prendre parole au travers de la gestuelle…Dès lors qu'on lui en donne la possibilité. » Une dimension majoritairement absente du discours médical servi aujourd'hui aux parents désemparés que l'on veut rassurer. « La manière dont le dépistage a été organisé conduit à penser que la surdité est une maladie qui se soigne et qui se guérit », explique le Dr Benoît Drion, coordinateur du réseau Sourds et Santé en région. « On dénie la surdité, on fait comme si l'enfant n'était pas sourd, comme s'il allait un jour ne plus l'être. »


Pour Sandrine, le chemin de l'oralité souhaité par ses parents va suivre les détours d'un parcours du combattant. Seule sourde dans un milieu d'entendants, elle perd pied peu à peu et s'enferme dans sa bulle. « Quand j'étais petite, je pensais que les gens communiquaient par télépathie. Alors j'envoyais des messages avec ma tête… mais ils ne me répondaient pas. Alors j'ai été voir du côté de la nature. L'arbre me disait qu'il allait me protéger… La pluie me disait que c'était la fête… » Elle vit la pose d'appareils auditifs comme une intrusion physique violente. Le salut viendra plus tard, lors de son entrée dans une école spécialisée pour sourds. « Toutes mes peurs sont parties... J'avais 9 ans, c'est la première fois que j'ai eu une amie. »

Longtemps, la langue des signes a été interdite aux sourds pour les obliger à parler. Aujourd'hui, même si elles sont encore rares, des écoles bilingues permettent la scolarisation d'enfants sourds avec des enfants entendants. Une expérience qui a prouvé son efficacité. « C'est vraiment important qu'ils soient à l'aise dans leur expression signée », remarque un enseignant sourd. Ce qui l'est tout autant, c'est la rencontre de deux mondes qui apprennent à se connaître et à partager. Pour Sandrine, le choix devient très clair à l'adolescence. Trop de frustrations familiales la décident à « couper sa voix » et à ne plus s'exprimer qu'en langue des signes. Elle trace désormais son chemin toute seule et, des scènes de théâtre à la télévision, elle choisit de militer « pour que les sourds soient reconnus, qu'ils participent à la société ». Un combat relayé dans ce documentaire qui tend à montrer que les sourds ne sont peut-être pas toujours ceux que l'on croit…

En fait, je n'ai presque rien suprimé tellement il est bien fait cet article!^^

Bref, pour une fois je me suis sentie moins seule... Serieusement, j'avais trop l'habitude de voir des personnes fermées en face de moi, qui pronnent soir le langage parlé, soit la LSF, et d'une façon souvent très virulante.

Là, j'ai découvert qu'il y avait des gens capable de raisonner différemment que par leur histoire, qui arrivent quelque peu à s'en détacher pour proposer quelque chose de cohérant. C'était très visible lors du débat ensuite, réunissant Sandrine Herman (sourde signante et co-auteur du film), Jérémie Boroy(oraliste, président de l'union nationnale pour l'insertion sociale du déficient auditif) et le docteur Jean Dragan (entendant, travaillant dans l'unité d'accueil et de soins des sourds à l'hôpital de la Conception à Marseille). Ils étaient capable de discuter, de donner leur point de vue, qui finalement n'est pas si différent: ils veulent que les médecins arrètent de traiter la surdité comme une maladie dont on peut guérir, qu'on propose à l'enfant une langue dans laquelle il se sente bien, qu'on propose aux jeunes un enseignement digne de ce nom au travers d'écoles billingues (qui permettent aux jeunes entendants d'apprendre à communiquer avec eux, ce qui servira sans doute lorsqu'ils seront adultes et qu'ils rencontreront des sourds). Le jeune, plus tard, fait lui-même le choix de la langue qui lui correspond le mieux.

Sans oublier le phénomène de géttoisation, que les sourds ne veulent pas mais auquel ils sont contraint, vu toutes les difficultés qu'ils ont, puisque, malgré les promesses faites, rien ne bouge pour eux. Ils n'ont toujours pas accès au téléphone comme nous (ils doivent prendre des forfait hors de prix pour des portables pour avoir la visio conférence, et des sms), et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.

 

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur le film que j'ai vu hier soir, il m'a beaucoup remué, notamment parce qu'il sort tout ce que je pensais, en allant de l'utilisation des termes (malentendants), par la perception du monde que peut avoir un enfant sourd qui découvre la vie à partir de 9 ans seulement, les difficultés auxquelles sont confrontées les familles. J'ai commencé à croire que j'étais quelqu'un voyant les choses de façon utopic, que mon mémoire de fin d'études était un peu comme un conte de fée: l'histoire telle que je voudrais qu'elle se passe, que j'étais naïve. Mais finalement, d'autres partagent une opinion très proche de la mienne, et je comprend mieux ma note de 12/15. (d'ailleurs, je me demande: j'ai eu 3/5 à l'écrit et 5/5 à l'oral? ou 5/5 à l'écrit et 4/5 à l'oral? je ne le saurais jamais^^)

Publié dans Langue des Signes

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N
Désolé martine, mais mon PC a eu un soucis, ce qui m'a fait faire une mauvaise manipulation, et ça a effacé ton message...En bref, j'avais répondu que j'avais eu exactement la même réflexion que toi, puisque je suis gauchère ("maladroite").Et oui, je suis toujours aussi ationnée par mon sujet^^
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